
Yagleadra
…

Krrshrgaal
…
Nature Imprévisible


Aussi fébrile de corps et d’esprit qu’était Yagleadra, ses constants efforts pour évoluer dans la bonne direction l’empêchaient désormais d’être l’idiote naïve absolue de ses premiers jours. Lentement mais surement, elle retrouvait sa volonté, ses désire, son intelligence d’une vie passé où elle était considérée comme l’élite. Très sensible au regard des autres, elle essayait de s’en détacher, comprenant petit à petit que son handicape, son apparence, allait de toute façon toujours être un fardeau à partir de maintenant. Il fallait ignorer les regards, les gestes de dégouts, de répulsion ou elle serait rapidement et systématiquement émotionnellement détruite. Elle avait la présence d’esprit de réfléchir ainsi, avec une certaine logique, mais la réalité des faits étaient tout autre. Il était facile de faire des théories et des plans, beaucoup moins de les appliquer.
Elle ne l’avait pas remarqué plus tôt car la Tisseuse de chair était absorbée par le comportement nouveau d’Oly mais une fois confronté à l’homme devant elle, étonnamment grand comparé au reste de la population du vaisseau soit dit en passant, elle pouvait sentir son regard sur elle. Elle n’était pas extra-sensorielle donc elle extrapolait très certainement … Mais elle avait la sensation de savoir ce qu’il pensait et ressentait à sa présence. Ce même dégout qu’elle voit partout autour d’elle. Véridique ou non, et quand bien même essayait-elle de ne pas être affectée par ce genre de comportement, le voir peu assuré au départ lui fit sentir quelque chose se resserrer autour du cœur.
Sa mémoire floue lui rappelait qu’en des temps bien reculé, elle aurait remit à sa place n’importe quel être osant lui manquer de respect, que cela soit verbalement ou par une telle réaction de dégout mais elle-même débattait encore le fait qu’elle soit cette même personne, encore. Mais malgré ce petit écart que chaque nouvelle rencontre faisait, elle reconnu finalement une marque de respect sous la forme de ses salutations et du geste qui accompagnait celles-ci. Pouvait elle le blâmer d’avoir agit ainsi ? Non. Elle eut la même réaction lorsqu’elle se vit à nouveau dans un miroir la première fois. Mais elle pouvait commanditer les efforts que les autres mettaient en place pour « rattraper » cet écart initial. Cependant, autre que le soulagement dû au fait que Krrshrgaal lui montrait, quelque chose l’intriguait.
Tous ou du moins beaucoup ici parlent une langue commune, une langue qui n’était pas la sienne mais qu’elle connaissait de manière innée. Krrshrgaal lui utilisait le dialecte de son monde … Et pourtant elle le comprenait aussi, sans intervention de Voe. Ou bien est-ce la symbiose si parfaite entre lui et elle qui lui permettait de comprendre sans intermédiaire ? … Non. Elle ne connaissait pas Voe à l’époque où elle s’adressa aux premiers soldats qui l’avaient récupéré. Plus étrange encore, ce salut ne lui était pas étranger. Faisant d’ailleurs part mentalement de ses doutes à l’IA dans son poignet, celle, en quelques micro secondes de temps, mit la lumière sur ses questions.
« Peuple Yamogrien : gardiens du savoir, recensement de multiples galaxies. Organisme Yagleadra : Yamogrien. Connaissance d’innombrables langues, cultures, coutumes, peu surprenant. »
Acceptant ses explications comme elles venaient, elle perdit rapidement son air confus avant d’imiter son vis-à-vis par respect, posant ses mains inférieur sur son torse tout en levant les paumes supérieur vers lui également. Elle ignorait si cela était naturel pour d’autre peuple mais du point de vue des Yamogriens, ne cherchant pas le conflit, il était de rigueur d’utiliser leur grande connaissance pour s’accommoder aux autres races qu’ils croisaient et adopter leur langage et coutumes afin de les mettre « à l’aise ». Ainsi, peut-être à la surprise de Krrshrgaal, elle répondit dans sa langue natale et sauf demande de sa part, elle continuerait ainsi tant qu’elle s’adresserait à lui.
« Que la Mère te garde également, Krrshrgaal » dit-elle sans même écorcher son nom.
Mais malgré son effort, elle continuait de sentir l’homme devant elle quelque peu tendu, ce qui était étrange car malgré l’affront qu’il lui a fait en presque sursautant en arrière à sa vue, elle se remémorait que ce salut rituel était la marque qu’il la considérait comme son égale. Ce qui était étrange maintenant qu’elle mettait ça en perspective. Mais rapidement, elle comprit pourquoi lorsqu’il commença à la questionner. Le « fléau-qui-écorche » était une bien horrible maladie propre au monde des Qumhhrani. Bien que moins grave que la souche virale qu’elle avait créé par erreur et qui l’avait mené à une telle catastrophe, le fléau-qui-écorche, la peste rouge, pouvait visuellement se rapprocher de ce qu’elle avait bien que moins grave. C’était mortel, c’était contagieux mais les Qumhhrani sont toujours présent, preuve qu’ils pouvaient contenir ce fléau qui portait si bien son nom. Les Yamogriens, eux, ne le sont plus…
Sans trop y réfléchir, la géante répondit en levant le visage vers lui, hochant doucement la tête de droite à gauche. « Ce n’est pas le fléau-qui-écorche … le fléau-qui-écorche, au moins, aurait finit par me tuer. Ce que j’ai m’a changé en quelque chose d’autre … Au point que je ne saurais vous dire ce que je suis devenue exactement. »
Mentalement, Voe essayait de lui donner une longue définition technique et scientifique sur comment on pourrait désigner l’organisme qu’elle était devenue mais elle décida de ne pas communiquer ses information, se doutant qu’ils ne parleraient pas à un Qumhhrani qui n’avaient pas une expertise technologique et scientifique comme la sienne, loin de là même. Mais rebondissant sur sa question, elle recouvrait la mémoire au plus celle-ci fut stimulée. Elle attarda son regard sur ses multiples poignets, ne voyant pas son bracelet de naissance.
« Et vous, vous l’êtes, n’est-ce pas ? Banni ? »
Elle marqua une courte pose, passant une nouvelle fois en revue ses poignets. Etre banni, pour un Qumhhrani, était sans doute pire qu’une condamnation à mort. Krrshrgaal devait tout avoir perdu. Son peuple, sa famille, son foyer, toute marque d’honneur et de prestige qui forgeait cette communauté. Tout perdu, un peu comme elle ? Elle reprit rapidement après s’est fait cette conclusion, cherchant à rassurer un Qumhhrani déchu et abandonné, une recrue qui par définition devait avoir rejoint leur rangs que depuis peu lui aussi.
« Il est parfois difficile de s’adapter à HOPE… Les règles, les regards… Ou tout simplement ce vaisseau … Mais si je devais retenir qu’une seule et unique chose de cette expérience c’est que HOPE désormais est notre nouvelle famille. Ici, nous ne somme jamais réellement seuls… Car nous devons être unis, qu’importe les différences, pour faire face à ce qui va se produire et si ce n’est pas le cas … Je tiendrais cette promesse pour tout le vaisseau. »
Consciente qu’il n’y avait que très peu de point commun entre elle et un quelconque Qumhhrani, elle se sentit tout simplement très proche de lui par le simple fait qu’il s’agissait d’un banni. Sa compassion ressortait dans ses moments. Là où il s’agissait d’une exile mérité pour les pires individus du clan, du point de vue de Yagleadra, il ne s’agissait que d’une tragique destinée, complètement détachées de leur coutumes et croyances. Elle ne voyait qu’un individu ayant vécu la pire humiliation. Encore une fois … C’était une expérience qui leur était commune, d’une manière et avec des enjeux différents, mais tout de même. C’est pourquoi elle n’hésitait pas à lui tendre une main, figurativement. Réalistiquement, elle n’oserait pas par le simple fait de son état et de la réaction qu’il eut en la voyant.
Après un petit moment, le sas où était passé Oly s’ouvrit à nouveau, la requine se présentant à nouveau devant les recrues avec une tenue un peu mieux couverte, un peu plus lourde, une combinaison qui ne laissait respirait que sa tête et ses bras alors que cette combinaison était équipée d’un compartiment sur le dos, lui donnant une silhouette plus massive. Tenant toujours son fusil à deux mains, pointé vers le sol, elle dépassa les deux recrues, levant un instant le regard vers elles avant de lâcher un soupire et ronchonna entre ses dents.
« Pourquoi je travail toujours avec des géants ? Même comme ça, je suis minuscule … » Mais en secouant la tête, elle finit par engager le pas vers la salle de téléporteurs. « Aller, on y va. On va arriver au centre du village normalement. »
Intriguée par sa tenue, Yagleadra brisa le regard qu’elle échangeait avec son coéquipier et pencha un peu la tête sur le coté en voyant ce que son amie transportait sur le dos, demandant naturellement avant même de bouger.
« Du matériel scientifique ? »
« Yep. On en aura besoin. C’est pas innocent si ils m’ont confié la mission aussi. Une expertise biologique va être de mise. Aller, suivez. »
Un peu sèche, elle incita les deux géant à entrer dans la salle de téléportation où les techniciens finissaient de calibrer la chose, à deux doigts d’être envoyé dans l’inconnu qu’était Néfyria.