Yu ∞ Arthur
The many miles we walked, the many things we learned. The building of a shrine, only just to burn. May the wind be at your back, good fortune touch your hand, may the cards lay out a straight, all from your command. Shine light into darkness. That’s the way it is.
C'était donc ça ; la civilisation. Dutch tomberait dingue, encore plus qu'il ne l'était déjà. Une gare gigantesque en guise de ville, les stations envahissaient les rues, et les locomotives à vapeur avaient bien changé. Arthur se retrouvait ébahi au coeur d'une véritable vision du futur. Les lois physiques locales semblaient bien lointaines de celles régissant son monde. Ici, si l'on désirait quelque chose, on pouvait le rendre possible, il suffisait d'en connaître la formule. Par ailleurs, s'il arpentait cette planète, c'était pour espérer tomber sur un bon plan. SI un de ces foutus sorciers bizarres était en capacité de lui faire apparaître une montagne de dollars, il pourrait retourner dans son monde et régler bien des soucis. Naïf ? Oui, il l'était. Mais qui ne le serait pas devant une planète sortie tout droit de l'imagination absurde d'un gosse ? La réalité prenait un virement brutal, trop brutal, et détruisait toutes les barrières de l'impossible qu'Arthur s'était fixé au long de son existence. Plus rien n'avait de limite, plus rien n'avait de sens. Les possibilités de comparaisons à faire entre sa bonne vieille terre et ces planètes se comptaient à l'infini, il pourrait y passer une vie à toutes les énumérer, et il lui faudrait au moins plusieurs centaines de carnets. Le peuple maîtrisait des énergies mystiques dignes des plus grands contes fantastiques que lui lisaient Hosea pendant son adolescence. A croire que ce cristal venait de l'aspirer dans l'un de ces stupides bouquins à dormir debout, peut-être pour le mieux ?
En tout cas, son goût pour l'exploration le menait dans des endroits extravagants. Ce lieu concentrait des montagnes de pièces détachées et rouillées de vieux matos, comme une espèce de décharge. Cette atmosphère morbide et abandonnée de ce coin de la ville ne l'inspirait guère. Il s'apprêtait à faire demi-tour dans les plus brefs délais quand soudainement, une silhouette vint à bondir hors des décombres pour se jeter sur lui, le renversant avec la puissance de l'élan, tandis qu'une main maintenait sa face contre la poussière. Plusieurs ombres élancées et plus petites que lui l'encerclèrent, et l'un d'eux s'exprima sans plus tarder avec une voix en phase de muer :
Gamin 1 : Tenez-le bien, et dépouillez-le !
Il se débattait avec insistance, jusqu'à progressivement se soustraire aux mains frêles. Même assemblés, ces enfants de rue crasseux ne surpassaient pas ce bourrin en terme de force brute, et bientôt il reprendrait le dessus... Jusqu'au moment où l'arrière de son crâne fut cogné violemment par une barre de fer qui le rentama sur le champ. On lui avait bien sonné les cloches, pas au point de tomber dans l'inconscience mais il n'était clairement plus en état d'y voir très clair. Pendant ses longs gémissements, les gamins le secouaient dans tous les sens afin de lui faire les poches, et la sacoche. Puis, il se sentit traîné comme un cadavre derrière l'épave d'un moyen de transport. Il avait la tête dans le cul mais il entendait le dialogue qui se construisait autour de lui :
Gamin 2 : Qu'est-ce qu'on fait de lui ?
Gamin 3 : On le laisse pour mort ? Il est bien trop sonné pour nous courser maintenant
Gamin 4 : Mais s'il nous retrouve ?
Gamin 3 : Aucun moyen, notre planque est introuvable. Mais puisque vous êtes une belle brochette de froussards, on peut toujours l'achever..
Gamin 2 : J'sais pas...
Un silence s'installa quelques secondes tandis que le "chef" de la troupe fouillait la sacoche du cow-boy à terre.
Gamin 1 : Eh regardez-ça ! Il a de l'or ! D'où il tient ça cet enfoiré ?!
Gamin 2 : Woaaah ! T'es sûr que c'est de vraies pépites ?!
Gamin 1 : On dirait bien. On va pas tarder à le savoir
L'aîné du groupe s'avança vers l'homme à la tête déglinguée et le souleva légèrement par le col afin de le secouer :
Gamin 1 : Hey le vioc, où t'as trouvé ça ?
Dans la brume ou non, Morgan n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, surtout par une bande de gosses écervelée qui osait se prendre pour des gangsters. Il lâcha une bride de phrase, entre deux soupirs douloureux :
Arthur : Inutile de perdre.. mon temps.. vous... ne comprendrez.. pas...
Les traits de l'enfant se noircirent, et il relâcha le colosse avec violence alors qu'un autre en retrait depuis le début prit la parole :
Gamin 5 : Laisse tomber Tommy et observe-moi ça ! Il a l'air de tenir un journal.. Peut-être que y'a les infos que tu cherches là-dedans
Il lui fila le carnet dans un lancé bien dosé, mais malheureusement pour eux, Arthur avait entendu ce dernier échange. Un échange qui le mit hors de lui et le poussa à recouvrer quelques forces. Lui vivant, personne ne foutrait le nez dans ce carnet.
Arthur : Touchez pas à ça les gosses, ça vous regarde pas !
S'exclama-t-il essoufflé, mais non sans autorité. Il employa un ton capable de foutre les jetons à un alligator préhistorique. Il sortit dés lors un revolver de sa veste et le pointa sur les enfants sans aucune once d'émotions sur le visage. Il traitait les p'tits voyous de la même manière qu'il traitait les grandes crapules. On ignorait si la balle allait sortir de l'arme ou de ses yeux tant il n'avait point l'air fin. Quand on fouillait quelqu'un, il fallait toujours s'assurer de le désarmer en premier pour éviter ce type de revirement de situation. Ces marmots avaient encore beaucoup à apprendre de ce monde là, et s'ils n'étaient pas plus vigilants, ils finiraient rapidement au fond du caniveau :
Arthur : Faites pas les cons et rendez-moi ça tant qu'il est encore temps. Je n'ai pas encore envie de vous coller une balle entre les deux yeux mais ça va vite venir...
Gamin 4 : Rends-lui Tommy.
En dépit des conseils de l'un de ses camarade, le chef de la bande ne quittait pas Arthur du regard, le défiant effrontément bien qu'il ne prenait pas la menace à la légère vu qu'il limitait ses mouvements. A côté, les autres enfants se trouvaient pétrifiés, témoins de leur chef tenu en joug. Il était difficile d'anticiper ce que le petit chef pensait, mais il se pressait pas ce salaud, certainement entrain de mijoter un plan pour s'en sortir gagnant, mais ce fut sans compter sur Morgan qui perdit patience :
Arthur : Magnez-vous !
Hurla-t-il de son accent texan, de quoi faire sursauter cette troupe de fébriles, excepté le gamin à l'autre bout de son arme qui demeurait particulièrement calme et intrépide avec son carnet entre les mains. Mais ce rappel à l'ordre du cow-boy eut le don de le mettre en action, et furtivement, le carnet fut lancé à un autre gamin plus éloigné qui se mit à cavaler comme jamais loin du trentenaire. Pris de court, ce dernier ne prit pas le temps de se mettre à sa poursuite mais eut plutôt le réflexe de lui tirer dans la jambe. On entendit un coup de feu, suivit d'un cri strident mêlé à des pleurs tandis que le gamin s'écroula par terre sous les yeux ébahis des autres. Il avait tenté de faire le fou malgré les menaces de l'homme, jouant avec leur statut d'enfants, ne pensant pas qu'un adulte pouvait s'en prendre à eux, eh bien aujourd'hui Arthur Morgan venait de leur prouver le contraire :
Gamin 1 : C'est un malade les gars ! Rendez-lui ses affaires de merde, et sauvez vos vies, ça a bien plus d'importance !
Gamin 2 : Et pour Ako on fait quoi ?
Gamin 1 : Aide-moi à le porter, les autres tirez-vous, on se rejoint à la planque !
C'est ça, qu'ils se tirent avec leur crasse sur la gueule...
Les enfants de rue se dispersèrent. Les deux plus âgés aidèrent le benjamin à se relever et à marcher, tandis que sa cuisse pissait le sang sous ses larmes épuisées. Impassiblement, Morgan ramassa ses affaires éparpillées dans la poussière une par une.